|
| Accueil |
Créer un blog |
Accès membres |
Tous les blogs |
Meetic 3 jours gratuit |
Meetic Affinity 3 jours gratuit |
Rainbow's Lips |
Badoo |
[ Contacts/Adhésions/ Vie du mouvement ] [ Canton de Rouvroy - Méricourt - Drocourt + Bois Bernard (CACH) ] [ Canton d'Hénin Beaumont - Noyelles Godault ] [ Canton de Leforest - Evin Malmaison - Dourges - Courcelles lès Lens ] [ Canton de Montigny en Gohelle - Hénin Beaumont ouest ] [ Canton de Carvin Libercourt ] [ Canton de Courrières - Oignies ] [ Généralité ] [ TV/Radio/Vidéo/Net et autres médias ] [ TRIBUNE LIBRE ]
|
|
|
|
Euro, le jour d’après
20/12/2010 17:32
Non seulement l’euro n’a pas amené la croissance et les emplois promis. Mais on constate tous les jours à quel point il pénalise la croissance des pays qui l’ont adopté comme monnaie unique. Cependant, pour convaincre d’en sortir, il faut aussi proposer une alternative et répondre aux interrogations.
Comment peut-on revenir au franc concrètement ?
La première chose qu’il faut noter est que le retour aux monnaies nationales est un exercice plus facile que le lancement de l’euro puisqu’il s’agit de revenir à la situation d’il y a une dizaine d’années. En outre, il y a des précédents, en Tchécoslovaquie, ou dans l’ancienne URSS qui montrent tous que la chose est à la fois relativement simple et peu coûteuse selon les mots même de partisans de l’intégration européenne. Nous sommes loin des tableaux apocalyptiques présentés par certains.
Le jour J de l’annonce (après concertation avec nos partenaires), les marchés devront être fermés pour une à deux semaines pour permettre la réintroduction du franc dans les systèmes informatiques. Il faudra également instaurer un contrôle des changes et restreindre les mouvements de capitaux pour limiter la spéculation. La dette publique pourrait être convertie en francs au taux de un euro égale un nouveau franc mais ce ne serait pas forcément utile étant donné que la parité du franc avec l’euro serait stable.
Puisqu’il faudra jusqu’à six mois pour imprimer les nouveaux billets et battre les nouvelles pièces, nous aurons une période de transition. Comme en 1958, lors du passage au nouveau franc, et comme ce qui a été fait en Tchécoslovaquie en 1993, les billets en euros seront marqués en nouveaux francs et, au bout de quelques jours, seuls les billets marqués en nouveaux francs pourront être utilisés. Pour les pièces, nous pourrons utiliser celles avec une face Française.
Naturellement, les marchés réagiraient négativement dans un premier temps et que les taux longs montent, renchérissant théoriquement le coût de la dette. Mais la nouvelle autonomie de la politique monétaire Française permettra, en abrogeant la loi de 1973, à la Banque de France de financer le Trésor Public, comme aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon, nous protégeant alors des humeurs du marché.
L’alternative de la monnaie commune
Le retour des monnaies nationales ne signifie pas une fin de toute politique monétaire européenne. Nous aurions intérêt à conserver l’euro comme une monnaie commune de réserve. Elle serait, comme avant 1999, une unité de compte composée de fractions des monnaies nationales. Ainsi, elle faciliterait le travail des entreprises du continent, d’autant plus qu’elle pourrait dépasser le cadre étroit de la zone euro.
En outre, le nouvel euro pourrait être un rival international du dollar comme monnaie de réserve. La France devrait proposer de reconstituer un Système Monétaire Européen, où les parités monétaires seraient fixes mais ajustables. De manière à respecter les souverainetés nationales, il conviendrait de laisser le dernier mot aux Etats pour dévaluer ou réévaluer leur monnaie, mais on pourrait imaginer un système de concertation de manière à favoriser la coopération entre les pays membres.
Pour les pays qui répondent à des critères objectifs (déficit commercial, monnaie surévaluée), la procédure de concertation serait accélérée. Pour les Etats dont la situation justifierait moins un changement de taux de change, la procédure de concertation pourrait être un peu plus contraignante, même s’il convient de laisser le dernier mot aux pays pour ne pas rentrer de nouveau dans les travers d’une construction supranationale.
L’Europe pourrait également mettre en place une Zone Européenne Financière (ZEF), en rétablissant un contrôle des changes pour mieux réglementer la finance. Ainsi, nous pourrions mieux nous protéger des crises financières venues d’ailleurs. Nous pourrions également instaurer une mise au banc des paradis fiscaux ou mettre en place une taxation sur les transactions financières dont les profits pourraient être partagés entre pays acceptant une fiscalité minimum, de manière à éviter la course au moins-disant fiscal.
Réponse aux objections
Malgré tout, beaucoup de questions vont subsister car les défenseurs de l’euro recourent aujourd’hui à la peur pour essayer de convaincre que le retour aux monnaies nationales serait un dangereux saut dans le passé ou l’inconnu, dont les conséquences seraient dramatiques.
L’objection des dévaluations compétitives
Cette objection est parfaitement légitime puisque le retour aux monnaies nationales permettrait notamment de revoir les parités entre monnaies européennes, et de dévaluer le franc par rapport au mark. Mais, tout d’abord, les dévaluations et les réévaluations au sein du SME dans les années 1970 et 1980 n’ont pas apporté la désolation, loin de là, puisque la croissance y était beaucoup plus forte qu’aujourd’hui.
Selon les chiffres de l’OCDE, la croissance annuelle de la France était de 2.3% dans les années 80, contre 1.5% dans les années 2000 (2.6 et 0.5% pour l’Italie, 2 et 0.8% pour l’Allemagne). Bref, que ce soit pour les pays qui dévaluaient comme pour ceux qui réévaluaient, cela ne semblait pas avoir d’effet négatif pour la croissance... D’ailleurs, beaucoup de pays ont recours à la dévaluation pour relancer leur économie.
En outre, alors qu’un régime de monnaie unique pousse à la compression des salaires, on peut argumenter que des changes ajustables sont plus favorables aux hausses de salaire. En effet, un pays dont les salaires progressent plus vite que ses voisins peut ajuster son taux de change pour regagner en compétitivité. En fait, la possibilité d’ajustement monétaire peut favoriser la progression des salaires (même s’il faut reconnaître que les dévaluations n’ont pas que des avantages).
Enfin, les mouvements monétaires resteraient limités, surtout pour la France, puisque si le franc perdrait de la valeur par rapport au mark, il en gagnerait par rapport à la peseta ou à la lire. On peut parfaitement imaginer que le nouveau franc conserverait sa parité avec l’euro, le mark passant à 1,1 ou 1,15 euros mais la peseta et la lire tombant à 0,85 ou 0,9 euros. Bref, ce ne serait pas la révolution ou le chaos que certains décrivent, juste des ajustements bienvenus vu l’évolution des coûts salariaux.
L’objection de l’inflation
Certains agitent le spectre d’un retour de l’inflation. Mais si le prix des produits Allemands augmenterait, celui des produits Italiens, Espagnols, Portugais ou Grecs baisserait. Et même si le franc baissait par rapport au dollar, le regain d’inflation serait tout de même assez limité car plus de la moitié de notre commerce est réalisé en Europe, où le franc serait globalement stable.
L’objection du financement de la dette
Voici une autre objection forte. Même si à long terme, un retour aux monnaies nationales, en favorisant la croissance, devrait rassurer les marchés, il est probable que dans un premier temps, leur réaction soit très négative et qu’ils sanctionnent notre décision de sortir de l’euro, surtout si nous décidons de convertir notre dette publique autoritairement en franc pour éviter toute augmentation suite aux fluctuations monétaires.
Mais en quittant l’euro, nous retrouverons notre indépendance monétaire et il sera possible pour la Banque de France d’acheter les bons du Trésor pour éviter de payer des taux d’intérêts prohibitifs. C’est la politique que suivent les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Japon depuis des décennies. En outre, cela pourrait en partie compenser les pressions déflationnistes de notre économie.
Peut-on en sortir ?
La dernière question que l’on se pose est la possibilité légale de le faire puisque rien n’est prévu dans les traités européens, qui indiquent même que les pays qui n’en font pas partie sont destinés à le rejoindre un jour. Déjà, il faut souligner que la Grande-Bretagne, la Suède ou le Danemark ne semblent pas pressés de rejoindre la monnaie unique européenne, signe assez évident de ses limites.
Car bien au contraire, ces pays ont profité de leur indépendance pour laisser leur monnaie se déprécier afin de relancer la croissance. La Suède enregistre ainsi une croissance de 4% en 2010 et le Danemark de 2.2%, bien au-delà des 1.6% d’une zone euro tirée par la croissance des exportations Allemandes qui s’explique par le krach de 2009... La dépréciation de la livre a permis à la Grande-Bretagne d’amortir une crise qui aurait du être beaucoup plus sévère que sur le continent.
Et malgré les traités européens, la France peut de toutes les façons utiliser la convention de Vienne pour quitter l’euro. Nous aurions alors le même statut que les pays qui n’en sont pas membres. A ceux qui soutiennent qu’il vaut mieux affronter la mondialisation avec une grande monnaie européenne, on pourra rétorquer que la Suède s’en passe très bien, tout comme la Corée du Sud. Il n’a jamais été démontré qu’il fallait avoir une monnaie dépassant le cadre national pour croître.
Bref, le retour aux monnaies nationales ne serait pas si compliqué que cela et les plus sombres des objections ne résistent pas à l’analyse. Si tout ne serait pas simple, les bénéfices économiques feraient rapidement oublier cette parenthèse hasardeuse qu’aura été la monnaie unique.
Laurent Pinsolle
| |
|
|
|
|
|
|
|
Le retour de la fracture sociale
20/12/2010 17:22
Il y a 16 ans, un candidat à la présidence de la République était sur le point de mener une campagne présidentielle victorieuse sur le thème de la « fracture sociale ». La semaine dernière a malheureusement rappelé que la situation s’est largement détériorée depuis…
Une fracture devenue béante
Bien sûr, en 2010, la rémunération des patrons du CAC 40 a baissé de 14% par rapport à 2009. Mais elle devait être basée sur les résultats 2009. Il est donc probable que la très forte remontée des résultats cette année devrait engendrer une remontée des rémunérations l’an prochain. En effet, The Economist rapporte que les profits des entreprises étasuniennes sont remontés à près de 8 à 16% de la valeur ajoutée, équivalent au pic de 2000 et déjà proche des 18% de 2007.
Partout, la remontée des profits des grandes entreprises est extrêmement rapide, et contraste avec la lenteur de la reprise pour le reste de la population. C’est ainsi que les grands patrons Français ont gagné 3 millions d’euros en moyenne, 190 fois le SMIC. Carlos Ghosn obtient la pole position avec une rémunération de 9 millions. Pour mémoire, c’est 60 fois plus que le salaire que gagnait Raymond Lévy au début des années 1990 à la tête de Renault (un million de franc, soit cent cinquante mille euros).
La France d’en bas souffre
Et contrairement aux gouvernements Chirac, Nicolas Sarkozy continue dans sa politique de refus de coup de pouce au SMIC. Certes, ailleurs en Europe, les salaires peuvent baisser, mais cela montre l’horreur d’un système économique qui organise, par la globalisation néolibérale, l’absence de progrès social pour les classes populaires alors que les hauts revenus et les profits des entreprises rebondissent rapidement, conservant l’intégralité des gains de productivité.
Pire, on apprend que 43% des jeunes hommes habitants dans les quartiers sensibles sont au chômage. C’est la conséquence directe des délocalisations massives d’emplois industriels et maintenant de services (centres téléphoniques, certains travaux bancaires ou informatiques). Quel message envoie notre société à cette jeunesse ? Comme le montrent Gaël Brustier et Julien Landfried dans une tribune publiée dans Libération, cette paupérisation touche fortement les zones rurales.
Le plus dommage est que les réponses à la fracture sociale avait déjà été largement esquissées au début des années 1990 par les partisans de l’autre politique, Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement en tête. Des réponses plus que jamais d’actualité aujourd’hui.
| |
|
|
|
|
|
|
|
Une nouvelle espérance pour les Français
20/12/2010 17:12
L’histoire ne se répète pas mais parfois ses protagonistes balbutient. C’est avec consternation mais aussi une pointe de malice que j’ai entendu les dirigeants européens et les représentants du bipartisme français parler de la crise de l’euro la semaine dernière.
Souvenons-nous, il y a encore quelques mois, ils défendaient bec et ongles les bienfaits de l’euro. Mais depuis quelques jours, retranchés dans leur tour d’ivoire, ils ont changé de stratégie. Voilà qu’ils nous ressortent le même mécanisme de défense qu’en 2005 lors du référendum sur la constitution européenne : « il n’y a pas de Plan B ».
Ils reconnaissent que l’euro n’a pas été un rempart à la crise. Mais pour autant ils prétendent qu’aucune autre solution alternative n’existe.
Comme en 2005 ils sentent que le débat leur échappe. Ils sont devenus fébriles, ils perdent leurs nerfs car ils n’ont plus d’emprise sur les peuples. Et comme il y a 5 ans ils nous promettent l’apocalypse, ils essayent de culpabiliser les Français. On voit fleurir des chiffres abracadabrantesques : si la France sort de l’euro, il y aura 5 millions de chômeurs supplémentaires.
Laurence Parisot n’a pas hésité à dire qu’une sortie de l’euro « ne pourrait qu'appauvrir notre pays en faisant chuter d'une manière terrifiante notre niveau de vie ». Vous apprécierez le qualificatif « terrifiant » qui montre toute la mesure des défenseurs de la monnaie unique quand on s’attaque à leur veau d’or. Heureusement que les vacances arrivent sinon ils ne tarderaient pas à nous dire que la sortie de l’euro nous ramènerait à l’âge de pierre.
En aparté dans les couloirs de l’Assemblée nationale ou sur les plateaux télé, je vois bien que leur attitude a changé. Avant ils ne m’opposaient que le dédain des idéologues, dorénavant ils se comportent comme des rois déchus : ils gesticulent, ils crient à la trahison, ils assènent que le peuple n’est pas à même de juger ce qui est bon pour lui-même.
Les promoteurs de l’euro, qui ont vendu le passage à la monnaie unique comme le Saint Graal il y a 10 ans, sont devenus des ayatollahs. Ils en ont perdu tout sens commun.
Est-ce que nous étions en guerre larvée avec l’Allemagne il y a 10 ans ? Non
Est-ce que l’Europe était un continent sous-développé il y a 10 ans ? Non
Est-ce que les voyages chez nos voisins européens étaient impossibles il y a 10 ans ? Non
3 fois non ! Au contraire, le non-respect des peuples a attisé les haines. Il suffit de voir comment la situation actuelle se détériore. Les Grecs dans les manifestations brulent des drapeaux allemands et européens. Les Irlandais accusent Londres d’avoir exigé le plan de rigueur pour sauver ses banques. Tout cela aurait été inimaginable il y a 10 ans. C’est ça leur idéal de paix en Europe !?
Dans leur entêtement, ils sont en train de détruire l’idéal européen.
Leur construction sur le dos des peuples arrive à son crépuscule et la nuit qui les attend les effraye.
Pour ma part je suis serein, convaincu que le peuple français est assez mature pour choisir son destin. La vérité est que ni la sortie de l’euro ni le non au référendum en 2005 ne signent la fin de la belle idée européenne. Au contraire ils sont une exigence de renaissance.
Fin stratège, Napoléon Bonaparte disait : « Le grand art, c'est de changer pendant la bataille. Malheur au général qui arrive au combat avec un système ». Actons qu’une monnaie unique n’était pas le meilleur système pour résister à la mondialisation. Sortons par le haut, retrouvons nos monnaies nationales avant de perdre définitivement la bataille de la mondialisation.
Ce que je propose c’est une nouvelle espérance pour les Français et tous les peuples d’Europe.
NDA
| |
|
|
|
|
|
|
|
Faut-il sortir de l’euro ?
18/12/2010 03:48
Cela fait maintenant une dizaine d’années que l’euro a été lancé. Les troubles économiques majeurs que traverse le continent amènent à se demander sans tabou s’il ne faudrait pas mettre fin à cette hasardeuse expérimentation. Analyse des avantages et des inconvénients de la monnaie unique.
L’euro nous protège-t-il ?
Pour être honnête, la monnaie unique a eu quelques effets bénéfiques. Elle facilite les échanges au sein de la zone, même si elle n’a pas accéléré un mouvement qui lui préexistait largement. En outre, il faut se souvenir que seule 20% de la population va à l’étranger tous les ans. Ensuite, la convergence des taux longs a permis aux pays qui souffraient d’une forte prime de risque de réduire le coût de leur dette. Mais cette convergence s’est interrompue en 2008 et nous sommes revenus à la situation d’avant l’euro.
Mais surtout, il convient de tordre le cou à la mystification absolument incroyable selon laquelle l’euro nous aurait protégés pendant la crise. Outre les turbulences des marchés, un simple examen des chiffres démontre clairement le contraire : la zone euro est entrée en récession dès le 2ème trimestre 2008, soit un trimestre avant les Etats-Unis. En 2009, le PIB étasunien a baissé de 2,5%, contre 4% en Europe et en 2010, la croissance sera de 1.6% de ce côté ci de l’Atlantique, contre 2.6% de l’autre.
Et pourtant, la récession venait des Etats-Unis et y a été beaucoup plus dure que chez nous, avec une baisse de 30% de la valeur de l’immobilier qui a durement touché des millions de ménages. La crise aurait du être beaucoup plus dure aux Etats-Unis et c’est à cause de la politique européenne qu’elle a été plus forte sur le vieux continent. Et les derniers mois nous montrent bien que l’euro ne nous protège en aucun cas de la spéculation. Enfin, passons sur la protection de la Grèce ou de l’Irlande…
L’euro : un choix politique, pas économique
En fait, les problèmes actuels viennent du fait que l’euro est un choix essentiellement politique. La France de François Mitterrand y voyait un moyen d’ancrer l’Allemagne dans l’Europe après la chute du mur de Berlin. L’Allemagne l’a accepté uniquement parce que la BCE est l’exact décalque de la Bundesbank. Mais surtout, tous les fédéralistes y voyaient un moyen de contraindre l’Europe à se construire sur un modèle fédéral.
La zone euro n’est absolument pas une Zone Monétaire Optimale, comme le définissent les économistes, à savoir une zone géographique apte à partager une même monnaie. Aucun des trois critères nécessaires n’est rempli, à savoir la convergence macro-économique, la mobilité des travailleurs et l’existence d’un budget central. Les pays qui y participent sont trop dissemblables pour partager une même monnaie.
Pire, une étude réalisée par un institut pourtant favorable à l’intégration européenne démontre que soixante-dix ans d’histoire commune entre la République Tchèque et la Slovaquie n’en ont pas fait une Zone Monétaire Optimale, malgré un budget central et un Etat de type autoritaire. La mobilité des travailleurs est restée faible et il n’y a pas eu la moindre convergence. Du coup, on voit mal comment ce qui a été impossible pour la Tchécoslovaquie pourrait être possible pour la zone euro.
L’euro cher
La faiblesse du cours de l’euro a aidé les économies européennes à la fin des années 90, mais depuis dix ans sa surévaluation chronique pénalise la croissance. En effet, hormis à sa naissance et pendant quelques temps (où il est descendu jusqu’à 0,82 dollar), l’euro est une monnaie dont le cours est trop élevé. Les économistes estiment que son cours normal devrait être entre 1 à 1,1 dollars à parité de pouvoir d’achat, soit encore une surévaluation de 20 à 30% aujourd’hui (et qui a atteint 50% mi-2008 à 1,6 dollar).
Cette surévaluation a une raison simple : la politique monétaire exagérément restrictive de la BCE par rapport à la Fed, qui pousse l’euro à la hausse. L’exemple le plus frappant, dénoncé par de nombreux économistes, est la décision incroyable de juin 2008, quand Jean-Claude Trichet avait trouvé le moyen de monter les taux alors que les Etats-Unis les avaient déjà baissés de 3 points ! Cette surévaluation est un énorme handicap commercial. Par exemple, en dix ans, la France est passée d’un excédent vis-à-vis des Etats-Unis à un déficit de 5 milliards et l’excédent de l’Allemagne a été divisé par deux.
Car cette surévaluation encourage les délocalisations. Tout d’abord, Airbus, fleuron de notre industrie, a décidé d’augmenter la part de ses composants produits en zone dollar pour se prémunir de la surévaluation chronique de l’euro : une partie du fuselage de l’A350 sera donc produit aux Etats-Unis. Un comble ! Les constructeurs automobiles Français ont suivi le même raisonnement : ils produisaient plus de 3 millions de voitures en France en 2004. Ce chiffre est tombé à un peu plus de 1,5 en 2009…
La désinflation compétitive
Dans un régime de change ajustable ou flottant, ajuster le cours de la monnaie est un des moyens les plus efficaces pour rééquilibrer les échanges commerciaux. La monnaie des pays en déficit a tendance à perdre de la valeur (favorisant les exportations et réduisant ses importations) alors que celle d’un pays en excédent a tendance à s’apprécier, pénalisant ses exportations et favorisant ses importations. Ce mécanisme naturel, qui contribue fortement au rééquilibrage des balances commerciales, est impossible avec l’euro.
Du coup, avec l’euro cher et des coûts salariaux à l’origine largement supérieurs à la moyenne, l’Allemagne a choisi de mener une politique de désinflation compétitive pour aider ses exportations. En effet, dans un système de parité complètement fixe, chaque point de hausse de salaire de moins que le voisin est un point de compétitivité coût de mieux qui permet de gagner la bataille commerciale. C’est ce que l’Allemagne a compris depuis le milieu des années 1990 et applique avec toute sa rigueur.
Pire, ce comportement bien peu collectif a toutes les chances de pousser les autres pays à adopter la même politique de rigueur salariale absolue pour ne pas perdre en compétitivité. Mais déjà que cette politique avait un impact extrêmement négatif quand elle était uniquement poursuivie par l’Allemagne, elle pourrait se révéler désastreuse si davantage de pays y cédaient. En effet, cela réduirait encore le potentiel de croissance d’une zone qui n’a déjà pas brillé dans ce domaine depuis 10 ans…
Une même politique pour des réalités différentes
Mais ce n’est pas tout. L’autre problème majeur de l’euro est d’imposer une même politique monétaire à un ensemble de pays aux réalités trop disparates. Au milieu des années 2000, les taux directeurs de la BCE présentaient la double particularité d’être trop élevés pour des pays comme la France ou l’Allemagne, où ils ralentissaient une croissance déjà peu vaillante, et d’être trop faibles pour des pays comme l’Irlande ou l’Espagne, ce qui encourageait une croissance qui n’en avait pas besoin…
En effet, les économistes jugent le niveau des taux en les rapportant à la croissance nominale du PIB (croissance + inflation). Quand les taux sont supérieurs à la croissance nominale, ils ralentissent la croissance en rendant l’argent cher. Quand ils sont inférieurs, ils la soutiennent en rendant l’argent bon marché. Les années 2000 ont montré les ravages d’une politique unique pour des pays aussi différents.
En effet, en France et en Allemagne, la croissance nominale tournait entre 2 et 4%. La politique monétaire de la BCE ralentissait donc légèrement la faible croissance qu’il y avait des deux côtés du Rhin. En revanche, en Espagne ou en Irlande, la croissance nominale était d’au moins 6 à 7%. Du coup, la politique monétaire de la BCE accélérait inutilement la croissance de ces pays, et porte donc une part de responsabilité importante dans les bulles qui s’y sont développées.
Car ces deux pays ont fait ce qu’ils ont pu pour contrecarrer les effets de la politique monétaire de la BCE, trop laxiste pour eux. Les budgets étaient en excédent et leurs dettes étaient les plus faibles d’Europe. Mais ce dont ces pays avaient besoin était des taux d’intérêts à court terme à 7 ou 8%, qui auraient mis fin à la spéculation et à la bulle immobilière avant qu’elle ne devienne trop importante. Le ralentissement économique aurait été un petit prix à payer pour éviter le désastre actuel.
Euro cher qui pousse aux délocalisations, politique de compression des salaires, politique monétaire unique inadaptée à des réalités nationales différentes : les vices de l’euro sont immenses. Pire, ils ne sont pas corrigeables comme le montre le cas tchécoslovaque. Il n’y a donc qu’une seule solution : en sortir.
Laurent Pinsolle
| |
|
|
|
|
|
|
|
Pour Jacques Delors, le peuple et la nation, c’est sale…
16/12/2010 00:42
Le père de l’euro n’est pas content. L’ancien président de la commission européenne, auteur d’un rapport qui enfanta le traité de Maastricht vient de sévèrement tacler les dirigeants européens, qui ne seraient pas à la hauteur de la crise actuelle, dont il porte pourtant la responsabilité…
Delors contre Delors
Il y a quelque chose de tragi-comique à lire cette charge qui reproche aux Etats-membres de refuser les transferts de souveraineté que cette crise rendrait nécessaire. Car ce faisant, il admet que la construction qu’il a présidée et fait adopter est bancale et ne tient pas en l’état. Quelque part, le Jacques Delors de 2010 critique le projet du Jacques Delors de 1992 en affirmant que l’euro ne peut pas fonctionner avec les institutions qu’il avait lui-même élaborées...
Et quelle contradiction de le voir affirmer conjointement qu’il faut émettre des euro-obligations pour faire des grands travaux tout en sanctionnant les Etats dont le déficit est excessif d’une privation des fonds structurels ! Mais le comble est atteint quand il dénonce l’attitude de banques dont il a tant contribué à construire le pouvoir excessif, en promouvant la libre-circulation des capitaux ou « la concurrence libre et non faussée » qui a permis l’anarchie financière.
Un projet européen malhonnête et illusoire
Mais cette intervention présente un double intérêt. Tout d’abord elle démontre la malhonnêteté crasse de ce projet européen que dénoncent les opposants à Maastricht et à Lisbonne. En 1992, nous expliquions que l’euro était un projet politique plus qu’économique qui visait surtout à contraindre les Etats à construire une Europe plus fédérale. Les euros béats promettaient que non devant les caméras, même si quelques uns l’admettaient parfois en public. Nous y voilà aujourd’hui !
Un tel mode de fonctionnement est totalement inadmissible car il s’agit d’un grave déni de démocratie. Pire, ce déni est totalement inutile et illusoire. Ce ne sont pas des euro-obligations qui règleraient quoique ce soit. En quoi une nouvelle tranche de dette pourrait bien rassurer des investisseurs aujourd’hui inquiets du potentiel de croissance de l’Europe ? En outre, une avancée fédéraliste ne résoudra rien, comme le montre le cas de la Tchécoslovaquie, qui n’est jamais devenu une Zone Monétaire Optimale.
Merci à tout cas à Jacques Delors de montrer à la fois que cette construction européenne est mal conçue et ne peut pas fonctionner en l’état. Et merci également de montrer le fond de la pensée de ces dirigeants européens qui méprisent tant les nations et les peuples.
Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/
| |
|
|
|
|